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 L'appel du Faix

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MessageSujet: L'appel du Faix   L'appel du Faix Icon_minitime1Mer 3 Mar - 3:57

Ce matin là, l'île de Chaara-khole fut frappée par une fureur Divine sans pareille, et dont l'empreinte restera à jamais gravée dans la roche. Mais pour le Faix, cela n'était rien de plus que le lendemain de la veille, du moins... le croyait t-il. Car aux première lueurs de l'aube, le chef Tsoro n'était plus dans sa couche, ne subsistant de lui qu'un vieux journal usé par les années. Et bien que l'art de la lecture lui fut inculquer, Balik, alias ; Balik Lerouge, éprouvait une certaine réticence à le feuilleter. Sa nature curieuse ne semblait plus aussi fougueuse qu'autrefois, du moins le pensait-il, mais voilà que sans crier gare ; ses entrailles se nouèrent, comme si ouvrir ce carnet en peau de saurien allait recouvrer vie pour lui sauter à la gorge. Hélas, en l'absence de Tsoro, la responsabilité du Faix lui en revenait. Aussi, deux choix s'imposaient à lui, soit il ouvrait ce maudit bouquin pour décider de la suite, soit il se ferait évincer pour aveu de faiblesse. Balik ne comprenait cependant guère comment ce cahier à la jointure entaillée pouvait à ce point, ralentir son geste ! Cette main si forte aux veines saillantes qui avait abattu autant d'hommes que de bêtes, tremblait à présent, et alors qu'elle effleurait doucement la surface rugueuse du recueil, de violentes palpitations entamèrent cette sensation qui lui hérissait l'échine.

Résilié mais toujours craintif, Balik s'assit sur la couchette de Tsoro, elle était moite et empestait la sueur. A croire qu'il avait passé la nuit à s'ébattre avec une catin bon marché. Bien sûr, Lerouge savait qu'il n'en n'était rien, pas avec les ronflements d'ours asthmatique qui rythmaient ses parties de jambes en l'air. Car cette nuit là fut particulièrement calme, beaucoup trop en fait... Puis il sonda l'ensemble de la pièce d'un air songeur. Ses frères d'armes roupillaient toujours, mais menaçaient à tout instant de se réveiller, notamment le plus jeune qui n'avait de cesse de se retourner depuis ces dernières minutes. Cela le poussa par ailleurs à franchir le pas en ouvrant le journal de son mentor, et ce, jusqu'à la dernière page qu'il avait noirci. En dépit de son coup de plume fatigué, la calligraphie demeurait aussi sereine qu'élégante. Ne trouvant toutefois rien de probant sur ce verso, Balik remonta le temps jusqu'à ce qu'un titre ou une phrase clé lui apparaisse. Ce fut alors qu'il s'échoua sur ; "Balik, hâte-toi donc !" écrit en très gros caractères. Son coeur fit un bon dans sa poitrine, Tsoro s'adressait directement à lui par l'intermédiaire de ces pages jaunies par l'obscurité de sa poche, et tâchées de la graisse de ses cheveux lorsqu'il le calait sous sa tête pour la nuit... Lerouge déglutit lentement et bruyamment, sans avoir la moindre petite idée du pourquoi il nourrissait cette crainte, il était certain que cette lecture lui apporterait la réponse, une réponse qu'il n'était manifestement pas pressé de connaître.

Il était néanmoins trop tard pour fuir ses responsabilités, et quand bien même il n'avait jamais voulu de ce rôle, Balik ne pouvait s'y soustraire. Resserrant son étreinte sur la couverture rigide du carnet, Lerouge se lança à corps perdu dans cette lecture dont il redoutait le dénouement.

« Balik, hâte-toi donc ! » avait-il écrit. Ce trait sombre et épais qui faisait office d'en-tête couvrait toute la largeur de la page. Cette dernière avait beau être petite, ces mots lui semblaient gigantesques. « Lorsque tu daigneras enfin quitter les bras de Sinah, je serai parti rendre une petite visite à notre bien-aimée Ursula. Tu sais combien cette vipère peut-être dure en affaire ? Et j'ai le profond sentiment que cette négociation sera aussi ma dernière. Tu l'auras sans doute remarqué, mais je me traîne depuis quelques temps. L'âge ne me sied guère mon jeune ami, ce bras jadis vigoureux est devenu aussi flasque et gauche que ce phallus tristement célèbre pour faire fuir la gente féminine. Au sein du Faix, la connaissance ne suffit point. Si le corps ne suit plus, l'esprit se doit d'être libéré pour rejoindre le firmament. Je devine sans mal tes pupilles rétrécies avec l'enclume qui te pend au nez, mais tu n'y es point du tout. Ton rôle n'a jamais été celui de me remplacer, nous le savons tous les deux, alors pourquoi t'ulcérer l'estomac avec cet idiotie ? Pendant que tu te triturais invariablement les méninges sur la manière dont tu allais t'y prendre pour mener ces braves. Moi, j'ai fait jouer mes relations pour trouver la perle rare. Cela n'a pas été une mince affaire tu peux me croire, et malgré toutes mes investigations, pas une seule ne fut à même de me convaincre ! Jusqu'à récemment. »

Lerouge tourna la page, et avec elle un long soupir de soulagement s'échappa du coin de sa bouche. Tsoro avait pensé à tout, et ces feuillets aux allures de testament surent le rassurer plus que l'auteur n'aurait pu le faire avec ses lèvres. La tristesse viendrait plus tard, le devoir avant tout ! c'est ce que Tsoro lui dirait. Car même s'il se levait d'un bond, franchissait cette porte pour le sauver de son Destin, il ferait acte de parjure ! Il avait fondé le Faix, mais cela ne faisait pas pour autant de lui le propriétaire. Il racontait qu'il viendrait un jour, un autre prendrait sa place, et qu'il nous faudra alors l'accepter comme un frère. Balik n'imaginait simplement point que ce jour serait aujourd'hui. Jusqu'à présent, il n'avait jamais prêté attention à ses cheveux tintés de gris, ni à son dos qui se voutait toujours plus après chaque combat. Mais maintenant qu'il lisait ces mots, toutes ses lacunes en rapport avec la vieillesse lui paraissaient claires comme de l'eau de roche. Tsoro était proche des soixante-dix ans, ce qui était une moyenne plus que convenable pour un mercenaire.

« Le Faix a besoin d'un nouveau visage, plus marqué que le mien et avec un certain sens moral. Tu as déjà entendu parlé de lui, mais contrairement à moi, tu n'as jamais eu le loisir de le rencontrer. Son physique est au moins aussi impressionnant que son affection pour la monnaie sonnante et trébuchante. Il ne sait rien de ma décision, il t'appartient de le convaincre de rejoindre vos rangs et d'en être le chef légitime. J'ai toute confiance en tes capacités à le former à vos lois. Il se nomme Almut et se terre sur le versant Timur de l'île. Il s'est fait chasser de la dernière auberge où il résidait pour avoir traversé le plafond après s'être jeté de toute sa masse dans le lit de sa piaule ! Il ne semble pas avoir toujours conscience de ce qu'il est à force de fricoter avec les Hommes. Mais je compte sur toi pour te montrer persuasif et ainsi offrir au Faix un nouvel avenir jonché de corps ensanglantés et d'or à ne plus savoir qu'en faire. Va, et adieu mon ami. Transmet cela à la meute lorsque Almut sera à ton bras, ou s'il fait de toi un manchot. »

Quel comique ce Tsoro, songea Balik avec un léger rictus issu de la contrariété. Lui qui était si austère, se mettait presque à faire de l'humour. Almut, se remémora t-il. Oui, ce nom lui rappelait vaguement quelque chose. Ne s'agissait-il point de ce mi-homme mi-bête ? Cela ne l'emballait qu'à moitié, car les seuls Hybrides qui lui avait été donné de rencontrer finirent en deux morceaux. Le corps aux charognards, et la trombine soigneusement empaillée puis accrochée au mur de la douce Ursula ! Alors en avoir un à la tête du Faix, c'était comme passer de l'oeuf à la poule en faisant fi de la croissance. Néanmoins, Balik comprenait la démarche de Tsoro, car après avoir récemment enrôlé une femme pour agrandir la famille, un Hybride n'était pas forcément le pire choix en terme de variété. De plus, Faix pouvait signifier deux choses, la première qui était la plus répandue ; le fardeau dont chacun aime à se délester, le Faix vous entend et y répond ! Et la seconde, plus subtile mais toute aussi véridique ; Un Faix gratuit est un Faix qui charge ! Cette deuxième définition concernait surtout les mauvais payeurs. Avec un type à tête de taureau, cette dernière prendrait alors tout son sens.

À sept heures et quelques, Balik secoua tout le monde pour les informer de son petit jeu de piste, tout en omettant les détails les plus élémentaires. Il se dit qu'il était inutile de mentionner le dernier chapitre de Tsoro avant son départ. Car soit il parvient à ramener Almut, et dans ce cas il comblera les vides de son récit, soit il se fait tuer ou amocher, et dans ce cas c'est la dissolution du Faix. En somme, tout le poussait à conserver le secret jusqu'au tout dernier moment. Ainsi il partit et se mit en quête du lieu indiqué par Tsoro pour trouver Almut. Il marcha près d'une heure avant de tomber sur les restes encore fumants d'un feu de camp. Convaincu de sa proximité avec l'Hybride, l'homme fit en sorte de rester bien visible tout en gardant les mains loin de ses armes accrochées à sa ceinture. Ce fut à cet instant que l'impensable se produisit. Pensant voir surgir une ombre massives d'entre les pins, Balik se laissa surprendre par le grondement provenant des cieux. Des nuages d'un gris lugubre masquèrent le soleil levant, et tandis qu'il se rompait le cou tout en se décrochant la mâchoire à épier ce ciel tourmenté, le sol bascula sous ses pieds ! Balik perdit l'équilibre, dégringola une pente nouvellement formée avant de se heurter méchamment le dos contre un arbre deux fois plus large que lui. Il tenta de se relever, mais perdit connaissance avant même de pouvoir effectuer un geste en ce sens.

Lorsqu'il revint à lui, tout était terminé. L'espace d'une seconde, il crut être victime d'hallucinations, que lui aussi allait rejoindre Tsoro pour défaillance mécanique. Mais en voyant le nouveau paysage qui se dessinait devant lui, Balik comprit que tout ceci était bien réel. Trop loin et atrocement meurtri, il ne pouvait accourir auprès des siens, aussi reprit-il ses investigations à l'égard d'Almut. Après tout, il s'agissait de faire honneur à Tsoro qui devait à présent être au firmament. Balik attrapa une branche qui lui servit d'appui pour se relever. Jamais encore il n'avait éprouvé pareille douleur, à croire que son corps n'était plus qu'une énorme plaie béante. Avec beaucoup de peine, Balik parvint à rejoindre le campement déserté qu'il supposait appartenir à l'Hybride.


¤ 7 Khole Gaïa ¤
~ Il est 9 heures 30 ! ~
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